Microfictions

188 readers
2 users here now

Un espace consacré à la création de microfictions, où vous pouvez poster les vôtres. D'autres types d'œuvres courtes telles que les poèmes, les nouvelles, les fictions interactives et d'autres formes expérimentales peuvent aussi y trouver leur place.


Bonnes pratiques

founded 1 year ago
MODERATORS
1
 
 

À partir d'aujourd'hui, vous êtes tou(te)s bienvenu(e)s à poster des consignes d'écriture dans cette communauté.

Qu'est-ce qu'une consigne d'écriture ?

Une consigne d'écriture est un sujet ou thème que l'on propose, et sur lequel les auteur(e)s de cette communauté s'exerceront à développer en narration.

Comment créer une consigne d'écriture ?

  • Postez une proposition, en ajoutant l'étiquette [consigne] en début de titre.

  • La consigne doit être dans le titre, et non dans la description du post.

  • Le sujet est libre. La consigne peut être par exemple l'extrait fictif d'une histoire, un ensemble de conditions, ou le synopsis de la narration que les auteurs vont écrire.

Comment créer une narration répondant à la consigne ?

  • Chaque auteur(e) peut s'essayer à créer une narration à partir du titre, en l'écrivant en commentaire de la discussion de la consigne.

  • Tous les commentaires de la discussion doivent être une narration créée à partir de la consigne.

  • Les lecteurs peuvent donner leur avis sur une narration, en écrivant un sous-commentaire, au-dessous de la narration.

Exemples

[consigne] "Lève-toi, nous avons beaucoup de choses à nous dire". Je pourrais reconnaitre cette voix entre mille. Celle de mon père, disparu depuis 20 ans.

[consigne] Aussi longtemps que vous vous en souvenez, vous êtes un fier Cassiopien, élevé sur Cassiope X-II. Aucun Cassiopien n'a vu d'autre humain à part vous, jusqu'à aujourd'hui. Jour où un vaisseau humain atterri dans votre village.

[consigne] Écrivez un poème en dix lignes. La première ligne doit faire exactement dix mots, la seconde neuf mots, etc.

Si vous avez d'autres idées de format ou de consigne, n'hésitez pas à les proposer en commentaires de ce fil !

2
 
 

Si vous n'osez pas encore poster vos écrits dans cette communauté, ou si vous n'avez jamais écrit de fiction, les commentaires de ce post sont ouverts pour permettre les premiers essais et toutes sortes d'expérimentations de forme courte.

Pour une microfiction, qui peut faire de quelques lignes à quelques centaines de mots, vous n'avez pas besoin d'une histoire complexe ou structurée. Vous pouvez très bien vous concentrer sur un simple détail, une phrase entendue, un souvenir, un rêve, etc.

Alors amusez-vous ! Vous pouvez poster toutes vos tentatives directement dans les commentaires de ce post.

3
8
submitted 2 weeks ago* (last edited 2 weeks ago) by Professeur_Falken@jlai.lu to c/microfictions@jlai.lu
 
 

— Cible ?
— Jonathan Clint, Chorral City, Ohio.
— J’en ai 3.
— 2 gamins de moins de 12 ans et ptit jeune de 17 ans ?
— Yep.
— Jamais des gamins trop jeunes, ils meurent et il est impossible de les interroger après. C’est le ptit jeune de 17 ans qu’on transfère.
— Ah, d’accord. Date et heure du transfert ?
— Vendredi 15 novembre 2024 a 3h46. Il sera endormi et saoul.
— Date et heure d’arrivée ?
— Lundi 11 novembre 2024 à 7h52.
— Étage d’arrivée ?
— Étage 1.
— Date et heure du retour ?
— Samedi 23 novembre 2024 à 14h17, dans son lit.
— Équipement aller ?
— Aucun.
— Équipement retour ?
— Aucun.
— Souvenirs ?
— Conservés.
— Autre chose ?
— Ça ne m’amuse pas plus que toi d’envoyer toutes ces personnes dans Les Coulisses, mais c’est notre boulot et c’est pas trop mal payé.
— Pourt-
— N’oublie pas ce qu’il est arrivé à Déborah quand elle s’est mise à poser trop de questions… Faisons notre boulot et tâchons de rester sous les radars si on ne veut pas finir là-dedans. Un café ?

4
 
 

Écritures d'octobre

@microfictions

Hop j'ouvre un post pour vous partager les consigne de mon atelier d'écriture. Le but est de s'amuser. :)

Le problème c'est que normalement on le fait en groupe, échange nos lettres et là nous sommes sur internet.

Préparations
* Choisir un mot du passé. Puis un mot du futur.
* Prendre un roman et choisir un lieu.

La carte postale du passé
Vous allez écrire une carte postale (texte court) à votre antonyme :
Personne opposé, genre vous vivez en ville et vous allez écrire à quelqu'un vivant em campagne.

La carte est au passé. Elle doit raconter le lieu avec :
* Votre mot du passé
* 3 autres du groupe que vous avez choisis :

Biftek, fondation, mariolle, cafetière, féminicide, oublie, lumière, baldaquin

Vous devez la conclure avec une métaphore avec 1 mot du passé que vous n'avez pas choisis.

La carte postale du futur

Vous répondez à la carte postale reçue en parlant du lieu.

Elle doit contenir votre mot du futur et 3 autres du groupe choisis :
Pairgonation
Toit, Recupernergie, Coffee-marker, Conscience collective, bière, réconcillation, automatisme

Vous devez écrire une alitération. C'est à dire une phrase où les consonnes se répètent. Exemple : Les chaussettes de l'archiduchessse sont-elles archisèchent ?

Écriture libre
Choisissez un mot du présent qui fasse le lien entre le mot du passé et celui du futur que vous avez choisis

Reprenez votre roman qui décrit le lieu, choisissez 3 verbes autres que être et avoir. Puis 5 adverbes en lien avec les 3 verbes choisit.

Redigez votre texte avec tout ça

Amusez-vous bien !

#AtelierEcriture #Fiction #écriture

5
3
submitted 4 weeks ago* (last edited 4 weeks ago) by ortaviz@jlai.lu to c/microfictions@jlai.lu
 
 

Dans de très rares cas, ça avait fonctionné à distance. Aux jumelles. Je me souviens d'un autre ploutocrate, de la couleur bordeaux sur son vêtement et de l'arrondi des sourcils. Quelque soit la technique d'approche, les résultats escomptés dépendent d'un contact de qualité, comme dirait un ancien manager de franchise qui me payait sous le SMIC. Les yeux dans les yeux. Je ne vis plus que pour ces moments de qualité-là, depuis que les agences d'intérim m'ont rayé de leurs listes. Mon réal aux idéaux abîmés apporte les clients clandestins, riches mais discrets, et moi je me débrouille pour ouvrir un couloir. Parfois ses contacts à lui sont utiles pour se rapprocher de mes objectifs de mission.
Cet après-midi, fils de sera sur un tournage et je m'arrangerai pour y croiser son regard.

Ce que je ferai ensuite, au moment de m'endormir seul dans une pièce aménagée en caisson, je ne l'ai jamais révélé. Seuls comptent les résultats. Minuscules, miraculeux. Le réal m'a dit : « Si tu réussis à voir quelque chose chez celui-là, je change de religion. » Moi qui le croyait platement athée, ce vieil anar. Il a peut-être trop d'espérance. Je n'ai pas osé le lui dire. Pour quelques images confuses et sans contexte, aperçues, si j'ai de la chance, comme dans une tête d'épingle. Je l'appelle Mouche, lui m'appelle Cranium. Mais les client⋅es me connaissent sous l'appellation "Trou de ver".

[ Début ]

6
2
submitted 1 month ago* (last edited 4 weeks ago) by ortaviz@jlai.lu to c/microfictions@jlai.lu
 
 

Le mot de passe de la chambre est film de genre.

Mon intermédiaire est un réalisateur anarchiste aigri, obligé de tourner des publicités corporate. Il veut que je l'appelle Mouche. Dans le chat anonyme on discute parfois d'autre chose que de clients qui cherchent à me contacter, Mouche a eu le temps de me dire plusieurs fois qu'il détestait l'expression "film de genre". Je n'aurai pas besoin d'équipement dans la chambre d'hôtel qu'il m'a louée à un faux nom. En y passant avant moi, il a ramené un objet appartenant au fils du client, mais je ne m'en servirai pas. Ça pourrait même casser mon couloir psychique, me maintenir à l'extérieur. Très mauvaise idée, Mouche pensait m'aider, une bonne intention de sa part. Je suis obligé de me débarrasser de cet étui à lunettes de luxe, qui avait été égaré sur un plateau de tournage, et qui porte avec lui beaucoup plus que la trace de son propriétaire.

Je sors faire un tour dans la rue juste pour trouver une poubelle et me délester de ce poids indésirable. Il faudra que je le briefe mieux la prochaine fois. Tout ce dont j'ai besoin c'est de voir la cible dans les yeux.

[ Début ] [ Épisode 0.3 ]

7
6
submitted 1 month ago* (last edited 4 weeks ago) by ortaviz@jlai.lu to c/microfictions@jlai.lu
 
 

Mon nom a commencé à vraiment circuler après l'affaire du jumeau. Même si je n'ai jamais été cité officiellement dans cette histoire, quelques grands bourgeois s'étaient instinctivement préoccupé⋅es de savoir comment une enquête de cette nature avait pu enfin aboutir sans aide de la police, après toutes ces années. Et maintenant j'étais devenu une sorte de légende urbaine. Une partie de moi-même me hurle que c'est le moment d'en profiter, que les cycles cognitifs de l'attention limitée m'auront bientôt renvoyé dans un purgatoire de boîtes d'intérim. L'autre partie me rappelle que je déteste l'idée de travailler pour la haute société. Il me fallait donc un proxy. Quelqu'un de confiance, pour recevoir à ma place leurs demandes à la limite de l'absurde et fixer les rendez-vous. Le temps de ramasser autant de cash prize que possible, avant de partir vivre dans une cabane photovoltaïque. Ou de péter mon crâne.

[ Épisode 0.2 ]

8
 
 

A peine né,

j'étais condamné

A peiner comme un con

9
3
submitted 1 month ago* (last edited 1 month ago) by ortaviz@jlai.lu to c/microfictions@jlai.lu
 
 

J'sais plus si je dois
Tout accepter ou Tout refuser

10
 
 

Les couverts étaient rangés.
Les serviettes étaient pliées,

Ce jour-là, un commercial s'est introduit dans notre bâtiment. Il s'est présenté à la porte, s'est fait inviter à l'intérieur, technique de criquet dévoreur.
Quand un VRP s'assoit dans votre cuisine et dévoile le contenu de sa serviette, sachez-le, un grand malheur s'abattra sur les vôtres.

Condamnation scellée, signée sur contrat de vente.

11
 
 

Post croisé de https://imaginair.es/@hangry/111487370274435004

D'aucun pourrait penser que plus d'entre nous commenceraient à supplier une quelconque déité. Or, ce ne fut pas exactement le cas.

Certes, certains se mirent à genoux et commencèrent à implorer en silence. Ce qu'il s'échangea entre le murmure de deux lèvres tremblotantes, je n'en ai pas la moindre idée. Et provenant d'un acte si intime, je ne veux pas le deviner.

Ce que j'aimerais savoir, c'est comme un acte d'une époque si ancienne put ressurgir d'instinct à ce moment. Notre culture est si nihiliste aujourd'hui, pensèrent-ils sur le moment qu'implorer l'Univers lui ferait pousser une conscience tout-à-coup, croiser les bras et changer d'avis ? Va savoir.

Oui, il y eut des prières certes, mais pas tellement.

D'aucun pourrait penser que dans une dernière étincelle de terreur et de panique, les gens ne penseraient qu'à la b**se. Certains tentèrent un marathon de performance, à l'image de leur fiction erotica favorite. Il y eut des paquets de corps noués et haletants sur le sol, certes.

Or, passé la frénésie des premières heures, jours pour les plus endurants, lorsque les cris et les gémissements se firent plus rares et espacés. Personne alors ne voulait plus sentir dans la transpiration de son ou sa partenaire, la même odeur de peur métallique, qui habitait déjà lugubrement, dans le fond de sa gorge.

Il y eut du sexe oui, mais pas tellement.

D'aucun pourrait penser qu'il y aurait eu alors plus de meurtres, de règlements de compte, de défoulement. Mais à quoi bon ?

Lorsque la menace est si absolue qu'elle égalise tous les hommes et femmes et enfants en bas-age, toutes les couleurs de peau, et les métiers. Alors l'Homme voit son prochain comme son égal. Un ami, un confident dans la pénombre du crépuscule menaçant.

Oui, l'humain est dégueulasse comme ça.

C'est ce que nous appelons intimement ce météore, aujourd'hui. Le "grand égaliseur".

Une boutade légère de dernière minute. On en oublie la crispation du visage las.

Oui, il y eut de la violence et des matraquages. Et des cris et des morts. Certes.

Mais soyons honnêtes avec nous-même. Nous oublions de frapper le fantasme de notre colère et de notre haine, lorsque leur regard rivé dans le nôtre, reflète pareillement, cette lueur sordide jaune, que nous voyons dans le ciel.

Il y eut de la violence oui, au début. Mais pas tellement.

Non, en réalité lorsque je regarde autour de moi, je vois surtout des âmes damnées, assises au sol, les yeux fermés sereinement. Les larmes séchées sur les visages, les voix rauques de cris poussés à déperdition, tues dans un océan de silence. Si ce n'est pour les corbeaux croissant de toute leur hargne, comme pour défier le caillou magnifique, propulsé dans notre direction.

Le monde dans lequel nous sommes plongés en cette heure est un cimetière. Un unisson d'appréhension qui retient son souffle.

Et c'est par ces dernières lignes que je clos le dernier chapitre de mon livre. Tiens, je le baptise "le silence".

Pourquoi pas.

12
0
submitted 1 year ago* (last edited 1 year ago) by ortaviz@jlai.lu to c/microfictions@jlai.lu
 
 

L'inconvénient du tout premier voyage dans le temps, c'était que rien ne se produisait, vu de l'extérieur.
Pas d'éclairs électriques, ni de remous, de nuages gazeux. Pas de disparition du sujet, comme dans les films. L'homme placé au centre de la cuve gigantesque remplie d'hydrogène ne ferma même pas les paupières, à T∥0.
S'il avait cligné des yeux, les dizaines de scientifiques rangé⋅es derrière des consoles n'auraient probablement pas vu la différence, malgré la caméra grand angle rivetée dans la capsule pressurisée.

Pour Claveire, sélectionné en prison grâce aux tests dignes d'une mission spatiale, l'expérience avait également été décevante.
Quand le mécanisme de sécurité relâcha automatiquement le bras qui le maintenait immergé depuis une demi-heure, il pensa que toute l'opération avait été un échec. Il resta patiemment dans le harnais, attendant qu'on vienne le détacher. Personne ne répondit à ses appels, aucun bruit, aucun signe d'agitation.
Après cinq longues minutes il prit la décision d'éxécuter la procédure de secours : une fois le cordon sectionné avec l'outil prévu uniquement pour cet usage, il se laissa glisser sur le sol concave, et pensa qu'on l'engueulerait de ne pas avoir attendu.
Personne ne vint.

Claveire avait beaucoup lu en cellule.
Il considéra que peut-être, l'expérience avait pu fonctionner mais qu'il n'en gardait aucun souvenir. Il luttait contre cette idée, pensa courbure du continuum espace-temps. Malgré ses efforts conscients, il ne put s’empêcher d'imaginer une planète dévastée, revenue à un état naturel sauvage. Le bunker où avait été construit la cuve était assez profond pour ne pas être affecté par des perturbations à la surface. Mais Claveire espérait qu'il reste quelques représentant⋅es d'une hiérarchie quelconque, dans les autres niveaux enterrés au-dessus de lui.

Une fois sorti de la capsule émergée, sur la plateforme déserte, il du comprendre comment débloquer la porte du sas et faire en sens inverse un chemin qu’il connaissait mal. Claveire ne rencontra aucune présence entre le dédale de couloirs et l'ascenseur qui le remonta au niveau 0, situé vingt mètres sous une dalle de béton armé.
Lorsqu'il souleva la trappe de la petite cheminée réservée au personnel et sortit à l'air libre, il pensa, un peu tard, radiations mortelles, nuages toxiques.
Rien de tout cela ne semblait être d'actualité. Des gosses tournaient en trottinettes électriques sur le béton. Un food truck stationné à 50 mètres provoquait un petit attroupement au coin de la place, et les immeubles tout autour étaient aussi brillants que des trophées.
Personne ne s'intéressa à lui. Il attendit cette fois, quelques heures, mal assis sur un banc anti-sdf, puis décida de prendre la route d'un bureau de recherche qui se souviendrait de lui.

C'était le problème. Personne ne se souvenait de lui. Claveire n'avait pas changé d'époque, la date de son entrée dans la cuve remontait bien à la veille, dans ce calendrier identique où il avait refait surface. Mais aucune trace de l'expérience, ou de l'agence qui l'avait mise en place.
Ce n'était pas encore le plus perturbant. Maintenant qu'il était libre, hors du système carcéral, gracié par des circonstances discrètes, il se retrouvait sans arbre généalogique. Aucune trace des autres membres de sa famille. Pas d’état civil. Pas de numéros de sécurité sociale, d'extraits de naissance. Pas de carte d'identité, de papiers, pas d’existence.
Sa première rencontre avec les forces de l'ordre fut une douche froide qui lui rappela tout ce qu'il avait cru pouvoir oublier. Claveire pensa ordre et humiliation. Par la suite, il évita systématiquement les grands axes de circulation et les centres-ville.

Personne ne voulait de lui dans les centres d'accueil débordés. Personne ne le prenait au sérieux, surtout lorsqu'il avançait l'hypothèse qu'un mauvais délire de l'espace-temps avait pu effacer ses propres ancêtres. Lorsqu’il racontait son histoire à qui voulait bien l’écouter, il utilisait la notion de ligne de temps en espérant se faire mieux comprendre. Pourtant Claveire avait beaucoup réfléchi à ce concept. Bien avant l'expérience, grâce à ses lectures, il s'était mis à penser que si l'espace et le temps étaient indissociables, comme le prédisait la physique, alors le temps linéaire n'existait pas réellement. Pas tel que nous le pensons.

Quelques semaines plus tard, installé dans une tente à proximité d'un point de distribution alimentaire régulier, là où beaucoup d'autres se demandaient aussi comment reconstruire une histoire privée de réalité légale, Claveire pensa que les expériences de voyage dans le temps n'avaient aucun intérêt pour l'humanité.
En repliant l’espace-temps sur lui-même pour y chercher des raccourcis, on ne trouverait que des impasses.

13
1
submitted 1 year ago* (last edited 1 year ago) by pseudo@jlai.lu to c/microfictions@jlai.lu
 
 

Derrière les palissades qui bordent le terrain vague, rien n'a été touché depuis des années. Depuis que l'OPHLM a fait raser un immeuble vétuste plutôt bien situé. Vétuste ? Pas tant que cela, pas plus que d'autres qu'il a choisi de rénover et où s'entassent dans des appartements plus petits les familles relogées.
Peut-être en fera-t-on un jour un parking, mais pour l'instant, le terrain est déserté.
Déserté par les Hommes, peuplé par la nature.

Les laiterons sont arrivés les premiers, ils ont poussés sur les petits tas de gravats comme s'il s'agissait du sol le plus fertile, puis des picrides aux feuilles rêches. De la terre s'est lentement accumulée à leurs pieds, une poussière apportée d'ailleurs, des feuilles décomposés. Dans ce début de sol se sont ajoutées des potentilles. Elles ont rampé loin de leur abri pour tapisser le sol caillouteux que les autres plantes avaient délaissés. Du pourpier les a bientôt imités. Là où les deux plantes se rejoignent, le tapis végétal est si épais qu’on ne devine plus la nature du sol qu’il cache. Juste à côté du caillou préféré d’un groupe de gendarme, un premier pissenlit fleurira bientôt. Et tôt ou tard, le trèfle qui pousse dans une fente du trottoir voisin devrait arriver, pour le plus grand plaisir des abeilles qui passent ici leur journée.

C’est une belle collection d'herbe folle qui grandit de jour en jour, qui gagne en diversité et en surface occupée. Mais qui aurait pu dire en voyant ces quelques mauvaises herbes reconquérir difficilement un si petit terrain qu'il s'agissait là des prémisses d'une forêt qui un jour engloutirait la ville entière ?

14
2
submitted 1 year ago* (last edited 1 year ago) by Mell@jlai.lu to c/microfictions@jlai.lu
 
 

Je fais souvent mes courses dans une immense infrastructures étant le centre commercial principal de ma région. Mon magasin préféré se trouve au centre. Pour y accéder je dois toujours marcher pendant 5 minutes dans le long couloir principal, avec chacun de ses côtés des magasins de tout type.

Aujourd'hui, j'ai décidé de m'y rendre pour acheter comme à mon habitude des repas à chauffer aux micro-ondes et des pâtes. Après avoir passé en caisse, j'effectue machinalement le chemin que j'ai parcouru des centaines de fois, pour sortir du centre commercial et rejoindre le parking.

Cependant, quelque chose d'inhabituel se produit alors que je suis à la moitié de mon trajet. Une personne dans ses pensées m'a bousculée – ou alors c'est moi la personne évasive qui l'a bousculée, dans tout les cas nous nous excusons tout les deux. Cette interruption me permet de prendre conscience de mon entourage et de remarquer qu'il y a un panneau indiquant une sortie. Je suis assez intrigué car il me semblait qu'il n'y avait qu'une seul sortie, donc par curiosité je la prend, peut-être qu'elle me mènera à la sortie plus vite.

Je remets mes écouteurs en place, et je repars dans mes pensées, en me contentant de suivre le nouveau chemin. Je remarque quelque différence au début mais je n'y fais pas attention, puis le chemin me semble davantage famillé. Je sors enfin du centre commercial, j'ai l'impression d'avoir marché beaucoup plus que d'habitude, me laissant penser que cette sortie me fait un détour.

Quelque jour après, un matin, j'ouvre mon frigo, il ne me reste plus qu'un plat à réchauffer au micro-ondes. J'ai aussi des pâtes, mais sans sauces à force cela devient fade. Je me rend donc à mon magasin habituel. Une fois sortie de la caisse, j'emprunte le couloir principal vers la sortie. Puis j'arrive à l'endroit de cette autre sortie qui m'avait intrigué la dernière fois. Je décide de reprendre ce chemin, mais cette fois-ci en étant beaucoup plus attentif. La plupart des magasins que je croise sont fermés ou endommagés. Mais bizarrement, d'un coup les nouveaux magasins que je croise sont tous ouvert. Je me retourne derrière moi et je n'arrive pas à comprendre le trajet que je viens de faire. Par contre j'arrive très bien à reconnaître que les magasins que je croise sont les mêmes que je croise dans mon trajet habituel. Enfaite, je suis à une vingtaine de mètres des caisses du magasin auquel je viens de faire mes courses.

Cette sortie me mène donc vers le devant du magasin auquel j'y vais d'habitude. Mais pourquoi un couloir aurait un panneau "sortie" ? Peut être qu'avant c'était une sortie, mais elle a été transformée en couloir; et vu que cela à l'air d'être un endroit abandonnés je peux comprendre qu'ils ont oubliés d'enlever le panneau. Dans tout les cas, j'ai eu assez d'aventure pour aujourd'hui, je me décide de prendre le couloir principal habituel qui mène vers la sortie habituelle. Je marche de façon beaucoup plus attentif qu'avant. Malgré la fausse sortie que je viens de recroiser, tout est parfaitement normal.

Enfaite non. Je remarque deux nouvelles sorties. Je ne comprends pas. Étaient-elles là la dernière fois ? Sont-elles récentes ? Comment j'ai fait pour ne pas tous les remarquer avant ? Je m'approche de ses sorties totalement intrigué. En jetant un coup d'œil elles sont pareilles que la première que j'ai découverte. Presque sombres. Abandonnés. Irréelles. Je décide de rentrer dans l'une d'elle. J'ai l'impression de refaire le même chemin. Rectification : je refais le même chemin. Je me retrouve encore devant mon magasin préféré. Je cours un peu pour essayer la troisième autre sortie. C'est exactement la même choses.

Les trois sorties mènent au même couloir ? Il y avait une sortie mais ils ont mis plusieurs panneaux pour indiquer la même potentiel sortie ? C'était plutôt logique comme raisonnement car ses trois sorties sont du même côté du couloir principal. Mais cela a arrêter de l'être quand j'ai remarqué que deux nouvelles sorties se trouvait de l'autre côté du couloir principal. Ces deux autres sorties qui mène encore une fois au même endroit. Devant mon magasin habituel. Je ne comprends rien. Puis je remarque que l'emplacement de ses nouvelles sorties, étaient l'emplacement d'anciens magasin. Un coiffeur, un boulanger, une pharmacie, et un magasin d'opérateur mobile. Mais il manque aussi le bar et un magasin de vêtement. Ils étaient aussi devenu des sorties. Je ne comprends pas. Je me dis que c'est juste moi qui fatigue et que ces magasins existent encore. Je décide de rentrer dans ces deux sorties, croyant arriver à chaque fois dans le magasin. À la place, je me retrouve encore une nouvelle fois au même endroit.

Je deviens complètement fou. Les gens autour de moi ne réagissent pas, comme si tout était normal. Je cours vers la sortie. La vrai sortie. Mais elle était devenue aussi une sortie. Je fonce dedans sans réfléchir. Je me retrouve encore au même endroit. Enfin presque, car le magasin derrière moi étaient devenus aussi une sortie.

Je me retrouve dans un couloir avec que des sorties partout. Ma tête part dans tout les sens. La logique et la raison n'existe plus. Je demande aux passants impassibles de l'aide mais aucun ne me crois et ils me prennent pour un fou. Suis-je fou ? Je ne sais pas. Je dois sortir d'ici. J'emprunte n'importe quel sortie. En boucle. Encore et encore. De nouvelles sorties apparaissent. Je remarque surtout que le couloir devient de plus en plus petit. Ridiculement petit. Avec que 3 sorties et les deux bancs dos à dos qui étaient utilisés avant pour que les gens se repose.

C'était la sortie de trop. Ce n'est plus un couloir. C'est un lieu diffus, sombre et froid. Je suis perdu et emprisonné. Devant moi c'est une sortie. Derrière moi c'est une sortie.

15
 
 

De l'anglais writing prompt. Je ne connais pas la traduction exacte.
Dans le titre d'un post, une description d'un début d'histoire. Chaque commentaire du post est une nouvelle écrite à partir de la description.
Exemple de la communauté /r/writingprompt sur Reddit https://www.reddit.com/r/writingprompt/comments/fv9fek/wp_there_is_an_unbroken_rule_in_your_household/

Il existe dans votre foyer une règle immuable, établie par votre arrière-grand-père de son vivant : personne ne doit jamais pénétrer dans le grenier. Un beau jour, pris de curiosité, vous décidez d'aller y jeter un coup d'œil. Vous y trouvez votre arrière-grand-père en train de jouer aux cartes avec ses meilleurs amis.

Avis ?

16
 
 

Maintenant que j'y suis, je me rends compte de mon erreur. C’était stupide de croire qu’un traducteur électronique suffirait pour se débrouiller en pays étranger. Surtout avec le changement d’alphabet : dans les rues, dans les magasins, toutes les informations utiles m'échappent. Je ne peux même pas deviner les directions indiquées sur les panneaux.
×
J’attends devant sa porte jaune. La logeuse devrait me laisser deux semaines pour la somme que je lui paye, mais on ne se comprend pas. Le boîtier traduit « cinq jours de pension. » Elle essaie peut-être de m’arnaquer. Je dois avoir une tête de candidat.
×
Une fois en possession de la petite clé qui ferme le cadenas de la chambre, vissé sur le panneau au-dessus de la poignée, j’y dépose ma valise emballée et je ne perds pas plus de temps. Le quartier des Monts de pierre est seulement à quelques stations de métro.
×
Les couloirs très propres sentent les fleurs sucrées. Sur les cartes affichées, seuls les chiffres des lignes de transport ne sont pas en caractères inconnus. J’ai un plan dans la poche, imprimé avant de quitter l’Europe. Avec mes annotations je me débrouille pour trouver mon chemin. Je suis l’itinéraire 21 sous des LED pâles mais aromatisées.
×
Rue du Jubilé.
L’immeuble ne ressemble pas à ce que j’imaginais. Vu d’en bas c’est une façade aveugle, miroitante et aveugle. Aucun point de rupture. Je longe sa base. Tous les segments vitrés, opaques, sont identiques.
×
Et je me rends compte que je ne suis pas seul à errer sur les plaques de ciment blanc qui s’étalent autour de l’adresse. Sur le trottoir d’en face, il y a un homme. Qui vagabonde.
Il porte le costume de cadre des quartiers d’affaires, mais son apparence ne me trompe pas. Je sais reconnaître les yeux qui se perdent dans les rez-de-chaussée de ville, pareils aux miens.
×
Comme je suis un étranger, et que toutes les caméras sont entraînées ici, je décide de rentrer. Deux vagabonds dans la même rue c’est deux suspects de trop. Moi j’en ai vu assez pour aujourd’hui. Je ne sais pas ce que l’autre cherche, mais il faut que je dorme. Pour rattraper le décalage. Et pour recevoir les prochains signes.

Toi qui lis ce récit, que je gratte entre les cabines téléphoniques couvertes d'annonces et les lavomatics mal chauffés, tu connaîtras que j'ai fui pour accomplir les visions qui se manifestent à moi lorsque je dors, la nuit.